Infiniment Objet : Bonjour Miwa, vous êtes une artiste contemporaine japonaise dont le parcours artistique recouvre de multiples facettes. Pouvez-vous nous le présenter ?
Miwa Nishimura : Après avoir obtenu un diplôme en peinture japonaise à l’Université Joshibi Art et Design, j’ai commencé ma carrière d’artiste en réalisant des peintures sur soie sur des kimonos. Malgré ma passion pour cet art traditionnel japonais, j’ai ressenti le désir de m’affranchir de cette méthode imprégnée d’une tradition ancestrale qui limitait ma capacité de création et mon besoin d’expression. Je me suis sentie à l’étroit et quelque chose me poussait à sortir de ma zone de confort pour aller explorer de nouveaux domaines. Par exemple, j’étais très curieuse de comprendre l’art abstrait et attirée par la photographie.
Infiniment Objet : Quel a été pour vous le déclic ?
Miwa Nishimura : Un jour j’ai eu une inspiration très spontanée : pendant une période où je luttais avec la peinture abstraite, recherchant à comprendre la réalité que m’échappait, je me suis photographiée devant ma peinture avec un déclenchement long. Ce résultat m’a surpris et a élargi mes méthodes de création : au fur à mesure, je me suis mise en scène en me projetant miniaturisée, démultipliée dans différentes situations, qui me mettaient toutes en relation soit avec la nature, soit avec la représentation de la femme dans la société et dans la tradition. Et là, j’ai compris que ce qui m’animait, ce que j’avais besoin d’exprimer c’était la recherche de mon identité, mon intériorité et puis plus globalement celle de la nature humaine et de son rapport au monde. Ma première série « Paradis perdu » sur ce thème a été le début de mon nouveau cheminement créatif et qui a été un succès.
Infiniment Objet : Vos œuvres sont empreintes d’une grande poésie, de couleurs où le mouvement est très présent comme une sorte de danse qui nous entrainerait dans votre univers. Comment caractériseriez-vous votre œuvre ?
Miwa Nishimura : Si mes questionnements peuvent apparaître dérangeants, prendre une forme ambigüe, je crois que je garde un regard presque enfantin, une simplicité d’approche sur ma quête en remettant au centre la nature mystérieuse. J’essaie de prendre du recul, d’introduire de la drôlerie, de ne pas me prendre au sérieux même si ma quête l’est profondément. C’est mon côté marginal …
Infiniment Objet : Quelles techniques utilisez-vous ?
Miwa Nishimura : Pour explorer mes nombreuses questions j’ai recours à différents médias qui me permettent d’exprimer au plus près mes sujets. La photographie, la sculpture, l’installation, la vidéo font parties des techniques que j’aime utiliser. Combinées ensembles elles m’ouvrent des perspectives très larges et sans limites. C’est une liberté qui m’est chère.
Par exemple, mon œuvre « Your silhouette » est une oeuvre composée de photographies de vêtements portés par diverses personnes et d’ombres de fleurs. Pourquoi les vêtements ? Parce qu’ils sont comme une seconde peau représentant les éléments sociaux entourant ceux qui les portent. J’ai voulu simplement découvrir ce qui se cachait à l’intérieur des vêtements habituellement invisible, ce que révélait le vide de l’absence corporelle. Pendant le processus j’ai emprunté des vêtements à différentes personnes de toutes sortes, telles qu’un avocat, un nettoyeur ou lors de mes voyages sur des marchés aux puces locaux, je me suis alors amusée en imaginant leurs propriétaires inconnus. Puis je les ai photographiés en suspension dans l’air.
Les silhouettes des fleurs y sont juxtaposées comme une métaphore de la vie.
Parfois, l’inexistence peut révéler davantage d’existence, posant ainsi des questionnements à la frontière entre soi et l’autre, ou l’environnement.
Infiniment Objet : Quelles sont vos prochaines expositions et futurs projets ?
Miwa Nishimura : suis en train de créer deux projets : une installation par les personnages crées par modelage, un autre, une série de vidéo qui sera une installation en utilisant des meubles anciens…